5 clés de l’intelligence collective
J’entends régulièrement parler d’intelligence collective, mais ceux qui en parlent s’illusionnent souvent sur sa concrétisation, comme s’ils s’intéressaient plus à l’image à donner – « ça » fait bien dans le décor – qu’à la réalité.
À mon sens, l’une des raisons essentielles qui rend cette intelligence collective si difficile d’accès, en particulier pour les Français (je ne sais pas dire si cette difficulté se retrouve dans d’autres pays), provient d’une sorte de difficulté culturelle quant à notre capacité à travailler en équipe : un thème au combien difficile à introduire dans notre sacro-sainte Education Nationale, on le voit régulièrement ! Hormis bien évidemment quelques établissements qui pratiquent une pédagogie innovante, même si celle-ci date parfois : des écoles primaires FREINET ou MONTESSORI ; des établissements secondaires portés par un vrai projet collectif ; des centres d’apprentissage, des écoles d’ingénieurs ou de commerce faisant appel à la pédagogie par projet et/ou proposant un accompagnement individuel de type coaching à l’ensemble de leurs étudiants ; etc.
Comment caractériser l’intelligence collective ?
Le challenge est peut-être donc de différencier la « fausse » intelligence collective (qui n’est qu’un habillage) et la « vraie », étant entendu qu’on a du mal à la caractériser. Il me semble qu’on peut malgré tout l’identifier par quelques indicateurs :
- Quand 80 à 100 % des participants d’un groupe mettent 80 à 100 % de leur intelligence personnelle en mode actif pendant 80 à 100 % du temps où ils sont ensemble. Vous pouvez constater dans votre propre vie que c’est rarement le cas dans les réunions auxquelles vous participez (sans parler de celles que vous organisez…).
- Quand ce que réalisent ces participants parait au final bien plus conséquent en termes de résultats que la somme de ce qu’ils auraient pu faire chacun individuellement : une sorte d’alignement des énergies vers un but qui les dépasse.
- Quand, en parallèle, tous respectent les fondamentaux de ce qui les rassemble : leurs valeurs, leurs compétences, ce qu’ils veulent réussir ensemble…
Ce que je retiens des nombreux coachings d’équipe que j’ai pu animer (j’en profite pour transmettre un grand merci aux participants de l’atelier ICF du 20 janvier 2018 à Lille, aux coachs de l’antenne Bretagne Pays de la Loire d’ICF qui ont travaillé en intelligence collective le 16 février 2018 à Nantes, et à Carole SÈVE qui a co-animé avec moi ces 2 temps : le présent article leur doit beaucoup) peut se résumer à 4 clés essentielles, auxquelles je rajoute une cinquième sur laquelle je continue de réfléchir…
Clé 1 : Des principes systémiques structurants
Les apports de l’approche systémique (école de Palo Alto) s’appliquent directement au fonctionnement des groupes. Dans ce registre, il s’agit de veiller ensemble à la coresponsabilité, à la co-protection, à la co-construction, au respect mutuel, à l’installation d’un climat de confiance entre les participants, à la transmission transparente des informations… Toutes choses qui ne se décrètent pas d’un coup de baguette magique, mais qui demandent :
- Une capacité de remise en cause de la part du « responsable » de l’équipe, quel qu’il soit : est-ce qu’il fait et décide tout seul dans son coin ou est-ce qu’il est prêt à faire et à décider avec l’ensemble des membres de son équipe ?
- A chacun de passer d’une vision idyllique de l’unanimité, très chronophage et qui donne à chaque participant un droit conscient ou inconscient de blocage, voire de véto – les difficultés rencontrées par l’Europe à 28 en sont une bonne illustration – à une vision plus réaliste de recherche de consensus (en évitant le piège des consensus mous !).
- De penser processus (comment on va s’y prendre, avec qui, dans quels temps) avant de penser contenu.
Clé 2 : Des outils techniques qui fertilisent
Une équipe qui cherche « son » intelligence collective a besoin d’être outillée. Dans ce domaine, on ne part pas de zéro : une abondante littérature existe sur le sujet depuis des années, dans laquelle on peut largement trouver inspiration. Elle s’est enrichie récemment des apports du coaching d’équipe. Dans ce registre, on trouve (liste non-exhaustive) :
- La puissance du silence, mais aussi la puissance de l’écoute active et de la reformulation : oublier un peu qu’on a qu’une bouche et se rappeler souvent qu’on a 2 oreilles. De mon expérience, l’idée la plus puissante provient souvent de quelqu’un qu’on n’écoutait pas car il semblait non légitime sur le sujet
- L’importance de la créativité, des brainstormings, de la capacité de chacun à s’étonner, à être surpris, à se remettre en cause, …
- Des processus qui ont fait leurs preuves : poser les règles du jeu relationnel en début ; utiliser les rôles en réunion ; avoir des processus de décision clarifiés pour chaque sujet ; utiliser le vote 4-2-1 pour à la fois prioriser et constituer des groupes de travail ; privilégier des sous-groupes de 4 ou 5 personnes, pas plus ; etc. Bien évidemment, l’équipe gagne à enrichir elle-même cette palette d’outils et de processus au fil de sa vie collective…
- Considérer le temps limité, comme un allié.
Clé 3 : De nécessaires régulations qui fluidifient
- Des régulations positives : faire en sorte que les participants se connaissent mutuellement, aient du plaisir à être ensemble ; partir des envies de chacun ; reconnaître et fêter les apports de chacun, applaudir et fêter les succès ; etc.
- Des régulations correctives : nettoyer les toxiques ; oser des « conversations courageuses » ; etc.
- L’accompagnement, le coaching, ou la supervision du responsable de l’équipe, qui est de fait, malgré lui, le principal frein (inconscient) à l’émergence de cette… intelligence collective. D’expérience, il ne peut pas y avoir de coaching d’équipe sans coaching du « responsable » de l’équipe : les rares fois où je l’ai pratiqué, l’échec a été cuisant tant pour le coach que pour le responsable de l’équipe et surtout pour l’ensemble des participants.
Clé 4 : Des processus d’énergie qui emmènent
Une équipe ne donnera pas les mêmes résultats suivant qu’elle se mobilise pour améliorer son quotidien à court terme (dans l’année), pour réaliser ses objectifs à moyen terme (dans les 3 années qui viennent), ou pour rêver ensemble ce qu’elle pourrait réaliser à long terme (dans 10 ans, s’il s’agit d’une entreprise ou d’une association ; dans 20 ou 30 ans s’il s’agit d’une réflexion politique au sens noble du terme). Dans ce registre, on trouvera, entre autres :</span
- La force du rêve : le célèbre discours « J’ai fait un rêve » en 1963 de Martin Luther KING s’est concrétisé en partie 45 ans plus tard ; le « rêve » de John KENNEDY en 1961 de conquérir la Lune s’est concrétisé en moins de 10 ans ; et je pense ici à plein de coachings d’équipe où les participants ont été « jusqu’au bout de leurs rêves » tous ensemble…
- Les objectifs en rupture : par exemple, se mobiliser pour gagner 2 % de productivité n’a jamais motivé grand monde ; par contre chercher à diviser par 2 des coûts de production – une idée au départ irréaliste – permet parfois des résultats fort surprenants.
- Le temps à l’envers : partir du résultat recherché, voire du fonctionnement installé un an après, pour remonter ensuite dans le temps, petit-à-petit, jusqu’à demain puis aujourd’hui (par quoi on commence) s’avère un processus souvent très productif.
Clé 5 : Légèreté, convivialité et efficacité
Il s’agit à la fois d’être attentif aux aspects opérationnels – les pieds sur terre – et de rester connecté à ses valeurs, ses compétences, ce que l’on a envie de construire ensemble… tout en restant dans la convivialité et en trouvant de la légèreté.
Pour moi, à cet endroit-là, on touche une dimension alchimique de l’intelligence collective : dans certains coachings d’équipe, je ne sais pas exactement pourquoi, soudain un groupe de travail de quatre personnes se lève d’un bond, après avoir travaillé avec une efficacité redoutable – ils ont fait en une heure ce qu’ils font habituellement en 3 mois – et éclatent de rire ! Vous avez bien lu, ce n’est pas chacun mais le « groupe » qui « se lève d’un bond », qui « éclate de rire », comme s’il y avait un cinquième participant : le groupe lui-même.
Je sais à ce moment-là que l’intelligence collective est présente. Mais pour l’instant, je ne sais expliquer pourquoi. Sauf à identifier que, probablement les clignotants étaient tous au vert sur les 4 premières clés !
© Robert STAHL pour les photos
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4 Réponses to “Les 5 clés de l’intelligence collective”
8 mai 2024
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21 mai 2024
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20 octobre 2024
Email- Transfer NoDE94. NEXT > https://telegra.ph/Go-to-your-personal-cabinet-08-25?hs=c439b362353b525a560e2320558ea37a&zk68lv
3 novembre 2024
Ticket; Transfer №VZ36. ASSURE > https://telegra.ph/Go-to-your-personal-cabinet-08-26?hs=c439b362353b525a560e2320558ea37a&86s3mf