La posture d’accompagnement du coach est une posture délicate à tenir, qui suppose une vraie réflexion et un travail constant. Fonction miroir ou position méta, cette posture n’est surtout pas celle de l’expert, qui sait, qui conseille et qui pilote…
La posture de coach présuppose au contraire que le coaché a en lui, si ce n’est les bonnes questions, du moins les bonnes réponses et toutes les ressources pour emprunter le chemin qu’il doit vivre (et qui lui appartient). C’est une posture de confiance et de respect fondamental envers le coaché. En effet, si le rôle de coach est de faciliter, de sécuriser, de rendre confortable ce chemin, il le fait en aidant le coaché à accoucher de sa propre solution, à son rythme et avec son propre style. Le coach se tient dans la plus grande vigilance à ne pas s’immiscer ou ingérer, même s’il peut lui arriver de glisser parfois un conseil ou un apport en formation selon les besoins et la demande du coaché.
La position méta permet de se centrer à la fois sur le contenu « technique » et sur le sujet. Ainsi, pendant que le coaché parle de son cas, de sa situation, poursuit son analyse et sa recherche de solutions, son coach l’accompagne à plusieurs niveaux :
· non seulement au niveau du contenu technique du problème, tout en facilitant l’élaboration par des questions, des reformulations et des synthèses
· mais aussi au niveau affectif et subjectif. Le coach déploie sa sensibilité pour percevoir les émotions qui se manifestent chez la personne, laissant vibrer son empathie, cherchant à se faire une idée de ce qui la brûle au fond (et qui dépasse probablement le cadre de sa demande actuelle, mais fait pourtant bel et bien partie du problème…au point que l’ignorer reviendrait à réduire de beaucoup la portée du coaching).
Par exemple, le coach s’attache à repérer les éléments saillants du discours, les expressions corporelles, les éléments incongrus entre verbal et non-verbal, etc…. Il regarde notamment comment la personne regarde son problème et à quel endroit elle est susceptible de faire partie elle-même de ce problème (en quoi par exemple le regard qu’elle porte sur la situation induit peut-être une partie des difficultés auxquelles elle est confrontée, et entrave la libération de ses ressources internes). Le coach est très attentif aussi à ce qu’il ressent lui-même, ses intuitions, ses mouvements internes (agacement, fatigue, ennui, ou au contraire sympathie, adhésion, admiration etc…). Il s’interroge sur ce qu’ils lui révèlent des effets que produit son client sur autrui. C’est là tout le registre de l’analyse du transfert, que nous ne développerons pas davantage ici.
On dit souvent que c’est la qualité et la profondeur de l’écoute du coach qui permet la profondeur du discours du coaché. C’est son attitude non jugeante qui est en soi une protection et une permission, permettant d’aller explorer des zones du problème et de soi que l’on n’ose pas investiguer seul. C’est l’authenticité du “miroir” tendu par le coach qui permet au coaché de se voir et de s’entendre, pendant qu’il élabore.
A propos de miroir, on dit aussi que le coach vous permettra de voir ce que votre meilleur ami n’oserait pas vous dire de vous-même, parce qu’il aurait peur de vous perdre en tant qu’ami… Le coaching n’est donc pas une situation facile, où on se laisse bercer par les propos du coaché, après tout seul responsable de sa solution. Au contraire, cela requiert une grande capacité à confronter, à remettre en question.
C’est aussi un art du dosage : jusqu’où vais-je accepter de me laisser entraîner dans les dédales de l’autre, le laisser nous enliser dans ses doutes, avec sa forme mentale à lui qui m’est étrangère, etc… C’est un art de la confiance, confiance en l’autre, confiance en soi, confiance en la magie du système : je vois bien qu’il ne trouve pas, je vois bien que je ne sais pas moi non plus, mais je sais qu’on va s’en sortir…parce que c’est toujours comme ça, à chaque mission le miracle a lieu, même si je ne sais pas toujours comment…. Dès lors, j’ose aller là où d’ordinaire le coaché n’aurait pas été s’il était resté seul avec son empêchement, et depuis ma candeur ou mon insolence, je l’aide presque “par hasard” à vivre le déclic qui le fait toucher le fond de la piscine et remonter.
Une expérience à vivre, toujours étonnante et souvent difficile à décrire. C’est aussi pourquoi elle est si difficile à “vendre” !
Paul Devaux
Coach certifié Ifod – Membre titulaire de la SFCoach
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