Du travail à la chaîne au travail enchaîné – une conférence APSE
Les mutations du travail des dernières décennies sont nombreuses : recomposition du capital (fusions, acquisitions) et nouvelles exigences de rendement, bouleversement des organisations et de la relation au temps entrainés par les NTIC, développement du principe du flux tendu, précarisation de l’emploi et apparition de nouveaux OS du tertiaire (grande distribution, centres d’appels), expansion des principes de la relation de service, réduction de la durée du travail, physiquement moins épuisant, mais psychologiquement plus pénible, développement de l’autonomie, mais croissance du contrôle social sur le travail…
Incite-t-on les salariés à croire à la disparition de la lutte des classes ?
Dans ce contexte, le modèle de la compétence campe un nouveau régime de mobilisation des salariés, incités à intérioriser les contraintes de rentabilité, à croire à la disparition des luttes de classe, à voir une similitude d’intérêt entre travail et capital. Ressentant leurs efforts comme choisis plutôt qu’imposés, ils développent alors des stratégies pour rendre le flux tendu supportable, voire gratifiant. Travailleurs et syndicats semblent avoir collaboré à ces mutations qui intensifient le travail sans améliorer sa rémunération.
La chaîne invisible ?
Que faut-il y voir : un progrès vers un travail plus intégrateur et plus impliqué ou une régression à travers une soumission stricte aux exigences de rentabilité ?
Pour Jean-Pierre Durand, on est passé du travail à la chaîne au travail enchaîné, du rapport de force patrons / syndicats à la servitude volontaire des salariés : une implication contrainte difficile à faire émerger car nier l’aliénation fait partie de l’aliénation. Mais des perspectives existent pour un renouveau du syndicalisme et des mobilisations collectives. Une métamorphose plus humaine est possible à condition que s’atténue le rapport de force aujourd’hui déséquilibré en faveur du capital.
Intervenant : Jean-Pierre Durand, professeur de sociologie à l’Université d’Evry (où il a fondé le Centre de recherche Pierre Naville), auteur de nombreux ouvrages, dont La chaine invisible. Travailler aujourd’hui : flux tendu et servitude volontaire, (éditions du Seuil, réédité en 2012), dont le contenu reste pleinement d’actualité.
Quand : le jeudi 12 décembre à
Où : Centre Sèvres Faculté jésuite de Paris – 35 bis rue de Sèvres – 75006 Paris – Salle 5
Organisation : APSE pour plus d’information
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