Une étude réalisée pour la 7ème édition du Trophée du capitale humain
L’enquête, menée auprès de 1 000 salariés d’entreprises de plus de 1 000 personnes, entre le 7 et 13 mai 2015, indique que 79 % d’entre eux sont satisfaits de leur situation professionnelle, contre 74 % en 2014 et 73 % en 2010. Près d’un salarié sur cinq (19 %) se dit même « très satisfait », contre 12 % en 2013. Les grincheux ont quasiment disparu : les « très insatisfaits » ne sont plus que 3 %.
DES SALARIÉS SENSIBLES À LA CONJONCTURE
La première édition de cette enquête n’ayant eu lieu qu’en 2010, la comparaison n’est malheureusement pas possible avec le niveau de satisfaction des salariés avant la crise. En revanche, le parallèle avec la croissance économique et le chômage est clair. « Depuis 2013, le niveau de satisfaction des salariés est corrélé à leur perception de la situation économique », commente Jérôme Miara, PDG du groupe Obea. Si la croissance baisse, le niveau de satisfaction recule l’année d’après. Idem si elle repart.
L’évolution de la courbe de « satisfaction de la situation professionnelle » reproduit ainsi en 2010 et en 2013 le « double dip » (double creux récessif) de la croissance du PIB, qui a nourri l’actualité économique en 2009 et 2012. Double choc qu’on retrouve sur la courbe du chômage sous forme de pics, un an après, en 2010 et en 2013.
La satisfaction des salariés en 2015 peut surprendre, au regard de l’évolution du marché de l’emploi : le taux de chômage était toujours de 10,3 % au premier trimestre 2015 contre 8,4 % en 2007. Les salariés interrogés sont pleinement conscients du problème. Les trois quarts d’entre eux estiment que la conjoncture économique a un impact « important » ou « très important » sur l’activité de leur entreprise. 54 % ne croient pas « pouvoir trouver facilement un emploi dans une autre entreprise ». Et c’est de plus en plus difficile pour les jeunes dont l’intégration dans l’entreprise a reculé. 59 % des salariés interrogés constatent que les jeunes « mettent du temps à trouver leur place » ou « ne trouvent pas leur place » dans leur entreprise, contre 44 % en 2013. « Il y a beaucoup de ruptures de contrat dans la première année chez les jeunes », précise l’étude.
UNE AMORCE DE DIALOGUE
La satisfaction des salariés ne tiendrait-elle qu’à la croyance au retour de la croissance que de nombreux économistes voient poindre à l’horizon ? « Pour comprendre ce qui se joue dans l’activité, il faut (…) replacer [le travail] dans sa double dimension d’opérateur d’identité et de producteur du lien social », explique Guy Jobert, ethnologue du monde du travail, dans son dernier livre, Exister au travail, les hommes du nucléaire (Ed. Erès, 2014).Autrement dit, le travail ne s’arrête pas à l’emploi occupé et au salaire versé. « Faute de trouver la reconnaissance dans le lien salarial, [les salariés] peuvent l’espérer du rapport direct avec le réel du travail, sous le regard d’autrui », poursuit ce professeur dans le même essai.
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