Insolite, à Angers l’entreprise Octave fonctionne sans hiérarchie

Un coach d’entreprise suggère, à 60 salariés, spécialisés dans les solutions e-commerce et logicielles, de devenir une entreprise libérée

La lumière entre à flot dans les vastes locaux d’Octave, à l’espace Patton, à Angers. La porte du bureau de Michel Perrinet, PDG, est grande ouverte. « J’ai encore un bureau à part. Il représente mon dernier signe de pouvoir. Dois-je le remettre en question ? Pour l’instant, je n’ai pas la réponse. »

Susciter le désir

Voilà le genre de question, surprenante, qu’on se pose désormais dans l’entreprise qui se veut « libérée ». Comment en est-on arrivé là ?

Tout est parti d’une visite de Michel Perrinet chez Chronoflex, en décembre 2014, à Nantes. Cette entreprise « libérée » emploie 200 salariés à la fabrication de flexibles hydrauliques. « Notre coach d’entreprise me l’avait suggéré. J’y ai trouvé une réponse alternative au modèle hiérarchique établi. Un vrai déclic. »

En février, il en parle au comité de direction. « Il me fallait le feu vert. Pas question d’imposer mais d’insuffler. » Au mois d’avril, Michel Perrinet organise un séminaire de deux jours, dans une belle propriété de Baugé, pour les 17 managers intermédiaires. Il offre le livre d’Isaac Getz, l’inventeur et promoteur du concept, et en laisse traîner à l’accueil de l’entreprise. « Ils sont partis comme des petits pains. J’avais suscité le désir. »

En juin, un réseau social d’entreprise voit le jour, sorte de Facebook d’entreprise où tout le monde peut se parler. Des groupes de travail se mettent en place spontanément. Le comité de direction s’ouvre à tous. Il n’y a plus d’organigramme mais une cartographie des métiers et des compétences…

Premiers bénéfices

Résultats : les délais de traitement sont réduits ; la satisfaction des clients s’avère plus importante ; les blocages disparaissent. « Les salariés savent désormais que c’est possible, qu’ils peuvent décider. Ils se libèrent. » Michel Perrinet reste cependant prudent : « Nous n’en sommes qu’au début. Les grosses avancées sont devant nous. »

In Ouest France – 12 octobre 2015