Beaucoup d’entreprises sont déjà finies. Les transformations découlent de la pression extérieure
Le coach Alain Cardon prend la parole dans les Échos
In Les Échos du novembre 2015
Pourquoi la transformation des entreprises est-elle difficile à mettre en œuvre au niveau du top management ?
Lorsqu’on regarde l’entreprise en tant que système, c’est une évidence : une transformation ne peut être pilotée par le centre. Ce serait comme d’imaginer que la transformation d’une cellule biologique peut être pilotée par son noyau. Le noyau contient l’ADN, et la fonction de ce dernier est de s’assurer que l’espèce est préservée, que rien ne change, que l’on évitera l’OGM… Tous les centres, gouvernements ou directions générales veillent avant tout à leur propre pérennité, à leur réélection ou à leur reproduction. Une fois en place, les membres d’un comité de direction veulent avant tout conserver leurs postes ! Comme les virus entrent dans les cellules par la périphérie, les révolutions viennent de la base ou des provinces et les transformations découlent de la pression extérieure ou d’éléments périphériques. Dans la pratique, quand les directions générales annoncent qu’elles « pilotent le changement », elles tuent dans l’œuf toute velléité de transformation. Une fois les annonces faites, le système sait temporiser, puis reporter. Finalement, les effets d’annonce ne sont pas suivis de grand chose et, un ou deux ans plus tard, on passe à un autre projet, à d’autres annonces. Il est illusoire de penser que cela puisse être la fonction du comité de direction que de piloter le changement : il ne le fait que dos au mur, quand il n’a plus choix…
La transformation digitales des entreprises
Dans le cas de la transformation digitale, c’est particulièrement vrai. Un réel fonctionnement digital n’a pas de centre. Notez d’ailleurs que les start-ups de l’ère digitale ont adopté de nouveaux modes de fonctionnement, loin du contrôle « top down ». Mener une véritable transformation digitale impose donc la création d’espaces collaboratifs dépourvus de « directions » et donc un profond changement de gouvernance, qui n’est pas acceptable par un comité de direction. La notion même de « pilotage de la transformation digitale » est paradoxale. La transformation digitale n’est pas pilotée mais émergente.
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