Déconstruire nos croyances… pour en reconstruire d’autres ?
Une notion socratique
La notion de croyances est un apport conjoint de la Gestalt (Fritz PERLS), de la PNL (Programmation Neurolinguistique) et de l’approche systémique (Ecole dite de Palo Alto). Elle est centrale en coaching depuis… Socrate ! Qui préconisait : « Poser des questions en feignant de ne pas connaître la réponse, pour permettre de remettre en cause des opinions communes, considérées comme vérités, en les soumettant à la critique ». Une posture d’enseignant-coach : j’y reviendrai.
L’objet de cet article est d’évoquer quelques croyances entendues chez des clients en coaching mais aussi chez quelques coachs et dans la vie.
Dans les faits, le coaching est bien souvent l’occasion, pour celui qui y fait appel, de remettre en cause quelques-unes de ses propres croyances :
- Un dirigeant qui « croit » qu’il doit tout décider dans son entreprise, ce qui déresponsabilise l’ensemble de ses collaborateurs : ceux-ci mettent alors leur intelligence… ailleurs !
- Un responsable qui « croit » qu’il n’y a qu’une manière de faire, alors qu’en y mettant un peu d’intelligence collective il pourrait facilement trouver une dizaine de solutions possibles.
- Une directrice d’association qui « croit » qu’un conseil d’administration doit forcément être un moment casse-pieds, et qui le transforme en un moment plein de vie !
- Une professionnelle qui « croit » nécessaire d’appliquer les consignes données par des personnes de sa hiérarchie, alors que ces dernières ne connaissent rien à la réalité de son travail. L’enjeu est alors d’identifier comment elle peut redevenir sujet de sa vie professionnelle et non objet…
- Un responsable qui ne se rend pas compte qu’il ne prend pas de décision. Or, ne pas décider… c’est décider quand même (de ne rien faire, de laisser faire, de subir, …).
Les croyances sont ont aussi à l’œuvre… chez les coachs
- « Croire » qu’il faut un temps long pour le changement, alors que celui-ci nécessite parfois une simple seconde (Cf. la rencontre du spermatozoïde avec l’ovule !).
- « Croire » que le coach n’a jamais à conseiller, ni à prendre une posture de formateur. Dans mon esprit, la posture de coach est une posture de formateur par excellence, et nous aurions l’Éducation Nationale la meilleure du monde si nos enseignants savaient être… des « enseignants-coachs ».
- « Croire » qu’on peut « se mettre à la place de » l’autre : qui serions-nous d’en savoir plus en quelques minutes ou quelques heures que la personne en face de nous, qui est au volant de sa vie 24 heures sur 24 depuis tant d’années.
Le coach qui remet en question ses propres croyances… les remplace par d’autres :
- Ma « croyance » personnelle que pratiquer le silence, l’écoute et la reformulation permet à tout un chacun d’être en posture de coach à 80 % !
- L’idée que partager ce que l’on ressent – non pas ce que l’on imagine que l’autre doit ressentir mais ce qui se passe en soi sur le plan corporel et/ou émotionnel, sans forcément voir de lien direct avec ce que nous raconte notre interlocuteur – permet parfois des avancées spectaculaires. Plus facile à dire qu’à faire !
- L’intérêt de « visiter » ce qui se passe dans l’ici et maintenant de la relation entre le coach et son client : souvent, cela donne des clés précieuses quant aux difficultés rencontrées par ce dernier dans ses propres relations professionnelles ou personnelles (on parlera ici de « résonance »).
Des croyances profondes à l’œuvre dans notre vie de tous les jours
- La « croyance » que nous vivons dans un monde infini. Alors que cela fait maintenant près de 500 ans que l’on a exploré plus de 95 % des territoires de notre globe. Alors qu’on sait que la démographie mondiale ne pourra pas continuer à progresser sans risque pour la planète. Alors qu’en cent ans nous avons consommé la moitié des réserves mondiales de pétrole qui ont mis plus d’un milliard d’années à se constituer : que restera-t-il pour nos descendants, dans 100 ans, quand les cuves seront vides ? Et comment sera notre atmosphère et notre climat avec tout ce CO2 émis ?
- La « croyance » tenace que la science trouvera toujours des solutions pour l’avenir. Quand les centrales nucléaires ont été mises en œuvre en France, il y a plus de 50 ans, on ne savait pas vraiment traiter les déchets nucléaires. Mais on avait la conviction que la science trouverait une solution ! Pour l’instant, il n’y en a pas (hormis les stocker !). Et l’expression « pour l’instant » m’échappe de la bouche : il est fort probable qu’on ne trouvera jamais de solution ! Et il va falloir bientôt démanteler ces centrales.
- La « croyance » que la croissance est toujours la solution, alors que nous arrivons aux limites de notre planète. A titre d’exemple, nos véhicules électriques fonctionnent avec des batteries dont les matières premières sont en stock très limité sur la planète… Spontanément, on se dit… qu’on trouvera bien d’autres solutions (ce qui nous ramène au point précédent).
- Enfin, sur le plan culturel (est-ce spécifique à la culture française ?), nous avons trop souvent la « croyance » que le plus important, quand on est confronté à un problème, est de « penser le problème ». Le coach ne dirait-il pas, avec d’autres : « pensez solutions ! »
Certes nos croyances conscientes et inconscientes sont nécessaires : elles nous permettent aussi d’appartenir à un groupe social, à un collectif, à une culture, avec des valeurs partagées. Cela n’interdit pas de les interroger voire de les déconstruire quand elles nient la réalité ou nous empêche d’avancer, pour en construire d’autres, nous permettant de prendre chacun (et/ou collectivement) des décisions plus pertinentes !
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