11 février 2002, 9 heures. J’arrive chez DBM, un cabinet d’outplacement, pour ma première journée de stage. Il fait 12° et le soleil pointe à travers les nuages. C’est le bonheur ! Le titre du manuscrit que je suis en train d’écrire. Cela fait 6 mois que je suis en reconversion professionnelle après 18 ans comme salariée dans l’univers des média. En juillet 2001, j’ai démarré ma formation de coach à l’Institut de coaching International avec Alain Cayrol et en septembre, l’IGS m’ouvre ses portes pour un Master de Management et Ressources Humaines. Un samedi par mois, je vais au Forum Vaugirard, suivre l’enseignement de l’Université bouddhique européenne. Derrière un bureau où j’attends un entretien avec le Directeur, je lis sur Internet que Jacques Chirac annonce sa candidature à l’élection présidentielle. Il a pris ainsi de vitesse Lionel Jospin, qui prévoit de se déclarer à la fin du mois.
Le 12 février, en arrivant à l’Antenne Emploi de Mark & Spencer, où mon stage doit se déorouler, une foule de syndicalistes vociférante et menaçante, brandit puis jette les numéros zéros de Métro qui doit sortir à la fin du mois. Je me mêle à la foule, qui comme dans une samba, piétine allégrement les exemplaires au sol. C’est mardi gras et mes amis brésiliens en ce jour apothéose du carnaval danseront toute la journée et toute la nuit car « mercredi tout est fini ». Milosevic n’est plus à la fête car c’est le jour d’ouverture de son procès.
On m’a proposé d’accompagner les cadres en reconversion de Marks et Spencer qui au moment de la fermeture à la veille de Noël ont préféré partir à 85%. Je n’y connais rien à l’outplacement et je comprends vite qu’au-delà de la méthode suivie, ils leur manquent une oreille attentive pour écouter leurs doléances. Je sors du séminaire sur le modèle d’Hudson, les talents, les valeurs et les domaines de vie et j’applique consciencieusement ce que j’ai appris. Je ne le sais pas encore mais c’est ce qu’ils ont besoin. Ils sont en « Hiver » et ce qu’ils veulent c’est réfléchir à leur carrière et non refaire leur CV pour postuler aux mêmes fonctions. Je décroche auprès de directeurs opérationnels mes 3 premiers coachings professionnels. Depuis septembre 2011, j’ai déjà des coachings payants ou en troc auprès de particuliers. Mais là se sont des cadres, membres du codir pour certains.
En ce 17 février, le soleil est toujours là, quand je pars voir ma grand-mère à l’hôpital. Dans deux mois, elle aura 94 ans mais cette fois-ci, je sais que c’est la fin. Elle a arrêté de s’alimenter car elle veut nous quitter. Mon stage me donne l’opportunité d’aller la voir très souvent. Serendipity comme on dirait en coaching. Si j’avais été à l’école ou encore salariée, je n’aurais pu lui consacrer autant de temps. J’accepterai, après un cours à l’UBE et un entretien avec une pratiquante qui accompagne des personnes en fin de vie, de lui dire, avec tout mon amour, qu’elle peut nous quitter sereinement. Le 17 mars, elle fermera les yeux. Ses yeux turquoises qui me regarderont une dernière fois. Et dans la joie, je la prendrai dans mes bras pour lui dire au revoir.
La radio annonce : Bruno Peyron, tenant du Trophée Jules-Verne, et ses 14 équipiers se lancent, dans une tentative contre le record du tour du monde, à bord d’ Orange-II. C’est officiel, aujourd’hui, lundi 18 février j’intègre comme Coach et non plus consultante, l’espace cadres de M&S.
Je reçois les inscrits pour des coachings flash de 30 minutes. J’ai appris par cœur le questionnement du Grow et n’en revient pas de son efficacité. 10 ans plus tard, il n’est rien qui me fasse plus plaisir que le compliment : « ça, c’est la bonne question ». Il n’y a rien de plus puissant en coaching que LA QUESTION. Comme tout coach, j’ai une boite à outis conséquente mais je m’aperçois au fil des années qu’écoute active, silence, reformulation et questionnement sont très performants. Il n’y a pas besoin de poser beaucoup de questions mais poser LA QUESTION est primordiale.
Le 23 février 2002, la vie d’Ingrid Betancourt bascule et la mienne se dessine pour le futur. Je suis en méditation à Darma Ling, je pense à ma grand-mère, à mon avenir et c’est décidé, je serai coach d’entreprise.
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