Avant il y a eu les prêtres, puis les psychanalystes, maintenant, il y a les coachs. Vous pensez peut-être que ce n’est qu’une simple mode, comme le management d’entreprise en a connu tant, que cela va disparaître aussi vite que c’est arrivé, vous avez tort. Il faut se rendre à l’évidence : le coaching est en train de prendre racine. C’est même un phénomène social tentaculaire. Il y a le coach d’entreprise pour apprendre à s’affirmer, le coach sportif pour se sculpter un corps de rêve, mais aussi le « life coach », celui qui vous aide à séduire vos partenaires ou à maintenir votre autorité sur vos enfants.
Mais qu’est-ce que le coaching, au fait ? Tentative de définition : « Le coaching est un processus d’accompagnement d’une personne et / ou d’une équipe dans le but de l’aider à réaliser les objectifs qu’elle s’est fixée : ces objectifs se doivent d’être réalistes, atteignables et bons pour la personne. Le coaching part d’une situation précise pour arriver à une situation cible. L’objectif est défini dans le temps et surtout il y a obligation de résultat – ce qui n’est pas le cas de la psychothérapie. »
Le berceau du coaching, c’est évidemment l’entreprise. Symptôme des temps : la plus prestigieuse des écoles de commerce, HEC, propose aujourd’hui une formation au coaching, en dix modules de trois jours. Des objectifs sont fixés aux individus ( être créatif, dynamique, être un leader à l’écoute des autres,…) en même temps qu’on leur propose des techniques de transformations de soi pour y parvenir : il s’agira de reproduire un comportement présenté comme exemplaire, surveiller ses manières de faire en réunion, d’apprendre à accepter la critique, etc.
Si l’employé peut viser dans cette démarche le bien-être au travail, la résolution de conflits quotidiens, l’entreprise y gagne, elle, une mise en conformité de ses salariés avec des modèles considérés comme performants. Gagnant-gagnant ? Le tout est de savoir quelle est la part d’intime, de complexe, et d’unique, que le coach est prêt à respecter, ou même si l’idée de frontière entre l’intime et le public a bien un sens pour lui. Car si la césure entre le privé et le public existe peu, on peut soit rapprocher le coaching des sagesses antiques et le considérer comme un travail de soi sur soi, une transformation délibérée en vue de l’action, tournée vers le monde, soit y voir un procédé invasif de contrôle social, une injonction à la performance liée à des objectifs de productivité ou de compétitivité qui aliènent le sujet plutôt qu’il le fortifie.
Pour écouter l’émission : http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/
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