De MacGyver à Mad Men : quand les séries TV nous enseignent le management
Un titre attrayant, un angle qui pique la curiosité, une batterie d’experts sollicités par deux non moins éminents spécialistes portant à bout de bras ce projet insolite, il n’en fallait pas moins pour que s’écrive l’histoire d’un succès annoncé de librairie. Mais dans le fond, peut-on réellement tirer des leçons de management à partir de The Walking Dead, Dr House ou The Sopranos ? Si oui, que retenir des enseignements livrés par Narcos et Breaking Bad dont les histoires traitent de trafics de drogues ?
Dis-moi ton style de management, je te dirai quel personnage de fiction tu es
S’appuyer sur des séries phares du petit écran pour faire émerger les ressorts du management. Voici l’idée qu’ont eue Benoît Aubert, directeur de l’International Business School Paris du Groupe IGS et Benoît Meyronin, professeur à Grenoble Ecole de Management, pour rendre la gestion du capital humain plus ludique, tant aux yeux des experts du genre qu’à ceux du grand public. Plus précisément, ils se servent de l’épaisseur de personnages de fiction – triés sur le volet – et de leurs environnements divers et variés pour illustrer la complexité de la vie en entreprise et les difficultés rencontrées par les managers. En quatre parties, ils abordent ainsi le management des équipes, le leadership, la relation au marché et aux clients ainsi que le management de l’innovation.
L’humain, l’essence du management
Dr House, MacGyver, Rick Grimes, Birgitte Nyborg, Leslie Knope, Tony Soprano, Walter White et les autres personnages cités n’ont rien de manichéen. Ils ne sont ni des super-héros dotés de super-pouvoirs. Ce sont des hommes et des femmes avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs états d’âme, etc. L’individu est au cœur du sujet, rappelant ainsi que derrière le titre de manager, il y a avant tout de l’humain. L’environnement, quant à lui, est secondaire. Il n’est pas question de voir dans un monde envahi par les zombies une métaphore de l’entreprise – quoique. Mais il est surtout question d’analyser les obstacles rencontrés par les managers ainsi que leurs réussites.
Management : de la fiction à la réalité ou l’inverse ?
Si dans The Walking Dead par exemple, Rick Grimes est devenu un leader, c’est parce qu’en situation de crise, il a su prendre les décisions qui s’imposaient, jonglant entre un management directif et participatif. Il est parvenu à accompagner les talents pour les faire grandir et les rendre autonomes. Non pas qu’il soit animé par l’envie de partager ses savoirs à tout prix, mais il est conscient que cela est vital pour sa survie et celle du groupe. À lui seul, il ne peut éteindre tous les incendies, il doit pouvoir compter sur des collaborateurs réactifs et proactifs.
Au fil des pages, le lecteur découvre de véritables dynamiques managériales transposables dans la vraie vie ainsi que des situations auxquelles les managers peuvent être confrontés au quotidien :
- Dr House autorise la contestation et revendique le droit à l’erreur,
- Birgitte Nyborg, Première ministre danoise, montre le rôle fondamental de la prise de décision et l’importance de partager le leadership,
- quand la série Breaking Bad encourage les managers à davantage d’agilité, à faire preuve de créativité et d’innovation.
L’ouvrage revient également avec des exemples précis sur l’engagement des collaborateurs, la communication non violente, l’intérêt de déléguer ou encore de mettre en place un processus décisionnel clair.
Le plus : les fiches pratiques pour saisir les enjeux managériaux
Pour chaque série, les auteurs donnent des informations sur l’histoire et le personnage principal, puis livrent leurs analyses avant de clore l’étude par une fiche récapitulative comportant les enseignements à tirer. Ainsi, même si le lecteur n’a pas eu vent de ces programmes télé ayant pourtant bénéficié d’un important écho médiatique, il peut saisir rapidement les situations et les enjeux. À noter également que la préface est signée Mehdi Sabbar et Benjamin Dupont-Jubien, producteurs de séries télé. Un choix judicieux qui permet aussi de mieux saisir la réalité des scénaristes, leur capacité à observer et analyser le monde qui les entoure pour livrer des séries justement dans l’air du temps.
Le bémol : les femmes, managers invisibles ?
Sur un peu plus de 200 pages revenant sur treize séries, il paraît regrettable que seulement deux shows télé mettent en avant des personnages féminins : Borgen et Parks & Recreation. Pourtant, n’y avait-il pas matière à ce saisir du sujet avec Orange is the new black, The Good Wife, Buffy contre les vampires, The 100 ou encore, le grand absent, Game of Throne ? Quant aux séries françaises, elles ne sont guère représentées. Dommage, car Dix pour cent aurait permis de faire d’une pierre deux coups en traitant du leadership au féminin made in France grâce au portrait d’Andréa Martel, la manageuse ambitieuse de la série.
Editeur : Dunod
Auteurs : Benoit Aubert & Benoit Meynorin
Prix : 19 €
Crédit photo : Dunod
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