La novlangue managériale : « Quand les mots ne collent pas aux choses »
Une conférence de l’APSE, le 24 mai à 18h30 à Paris
A partir de l’ouvrage d’Agnès Vandevelde-Rougalde, La novlangue managériale. Emprise et résistance (Eres, 2017) et du livre de Michel Feynie, Le « as if » management (Le bord de l’eau, 2012).
Expression formatée, euphémismes, anglicismes codés :La novlangue managériale ou la langue de bois comme discours dominant dans les organisations promeut une vision auto-référencée, éloignée du travail réel et hermétique au débat. Quelle est sa fonction ? Est-elle une mise en scène du pouvoir ou un artefact utile au lissage des relations ? Quels sont les mécanismes qui contribuent à la fabrication et à la diffusion de ce discours ? Qu’est ce qui produit chez les récepteurs cette sensation de lien perdu au « réel » et qui anesthésie le dialogue ?
Ethnologue indigène sur son terrain, immergé en tant que salarié au sein de la branche commerciale d’une grande entreprise publique, Michel Feynie nous raconte son enquête minutieuse au pays du « as if » management, c’est-à-dire du management qui fait comme si tout allait bien, qui ignore les problèmes. Au travers des mots employés, il décrit le discours standardisé des dirigeants, porteur d’une fiction idéale de l’entreprise et révèle l’émergence d’une « communauté de langage », des injonctions d’exigence qu’elle véhicule, ainsi que son décalage avec les pratiques quotidiennes des salariés. Il s’intéresse au mal-être au travail généré par cette langue de bois qui « assomme » les salariés et il esquisse des pistes pour s’en protéger.
Michel Feynie est psychologue du travail et docteur en anthropologie. Chargé de cours à l’Université Bordeaux Ségalen, il a publié Les maux du management (Le bord de l’eau, 2010). Il anime des ateliers de réflexion sur le travail et les pratiques de management au sein de l’association Anthropologia.
Agnes Vandevelde-Rougale s’interroge sur les ressorts de l’intériorisation d’un discours managérial dominant par ses destinataires et en analyse les conséquences. Reprenant le terme de « novlangue » avancé par George Orwell dans 1984, elle utilise également l’image d’un virus pour caractériser l’incorporation de cette novlangue maangériale, à l’instar de Victor Klemperer qui, en son temps, proposait la métaphore de l’empoisonnement des esprits : « les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic : on les avale sans y prendre garde, ils semblent ne faire aucun effet, et voilà qu’après quelque temps l’effet toxique se fait sentir ». Au-delà du mal-être, Agnès Vandevelde-Rougalde analyse comment l’imaginaire peut être bridé, les émotions et la critique empêchées de s’exprimer.
Agnès Vandevelde-Rougalde, diplômée de l’Ecole supérieure des sciences commerciales d’Angers et docteure en anthropologie et sociologie, est chercheuse associée au Laboratoire du Changement Social et politique (université Paris-Diderot-Paris 7), membre du Comité de rédaction de la revue Interrogations ?, membre du Réseau International de Sociologie Clinique, membre du réseau thématique « sociologie clinique » de l’Association française de sociologie
Organisateur : APSE
Animateur : Olivia Foli (maîtresse de conférences, CELSA-Sorbonne université),
Quand : Jeudi 24 mai de 18h30 à 20h30
Où : Café du Pont Neuf
14 quai du Louvre
75001 PARIS
métro : Châtelet les Halles, Pont Neuf
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