Dérives commerciales du coaching : La SFCoach met en garde contre l’arrivée massive de formations à la supervision !
Alertée par la multiplication des formations au métier de superviseur, la SFCoach entreprend une consultation sur la supervision à l’échelle nationale. Ce processus a pour but de réfléchir à une alternative à l’approche anglo-saxonne qui risquerait d’en faire une pratique normative.
L’origine de la supervision en coaching
La Société Française de Coaching, organisation référente du coaching professionnel en France, s’interroge sur une nouvelle approche apparue récemment dans le champs du coaching et présentée par un certain nombre de coachs et d’écoles comme un nouveau métier : celui de superviseur.
La supervision (mot anglais ; originellement appelée Contrôle ou Kontroll, en allemand) est issue de la psychanalyse des années 1920 qui instaura cette pratique à la polyclinique de Berlin dirigée par Karl Abraham, psychanalyste élève de Freud : les analystes les plus expérimentés contrôlaient le travail des analystes débutants. Freud dénomma exactement ce mode de travail : l’analyse de contrôle.
La supervision en coaching (d’un coach par un autre) est un élément essentiel du coaching professionnel. A ce titre, elle figure dans les critères de professionnalisme établis par la SFCoach. Elle est intégrée en bonne place de son code de déontologie. Elle fait partie des prérogatives des coachs confirmés et est indissolublement liée à une approche sérieuse et professionnelle du coaching.
Pour autant, elle ne constitue pas une spécialité à part entière, ni surtout un métier susceptible d’être enseigné dans des formations ou des écoles spécialement conçues à cet effet. La supervision est l’un des points étudiés dans le cadre des formations de coaching, un point essentiel mais parmi d’autres.
La supervision en coaching : vrai métier ou vision mercantile ?
En voyant fleurir les formations autour du métier de superviseur, la question qui se pose est : n’est-on pas plutôt en présence d’un nouvel eldorado, d’une vision mercantile de la supervision en coaching, bien éloignée de la réalité du marché ? Que deviendront ces étudiants au sortir de leur formation ? Quelle place sera réservée à ces « supers coachs » et quelle crédibilité sera la leur ? La maîtrise de la supervision s’acquiert-elle sur les bancs de l’école ou par la pratique répétée d’un coach qui s’inscrit dans la longévité et dans une théorie mise de longue date à l’épreuve des faits ?
Annie Cottet, Présidente de la SFCoach, précise : « La supervision est dans le droit fil de la posture d’écoute réceptive et renouvelée du coach et ne constitue pas un métier distinct en soi. La posture du superviseur n’est pas plus celle d’un expert. Le superviseur crée un havre de paix, un accueil silencieux de la parole du coach, il écoute le récit que fait le coach de la problématique qu’il rencontre avec son coaché ».
Tendre vers une définition éthique et utile de la supervision dans le monde du coaching
La pratique du coaching professionnel que la SFCoach défend est qualitative, globale et subjective. Elle prend en compte le coaché comme sujet dans son environnement professionnel, un système relationnel complexe de personnes en interdépendance. Cette pratique ne prétend pas mesurer, quantifier et rationaliser les conduites humaines au travers de programmes et de procédures d’experts. Elle s’inscrit dans un processus relationnel singulier qui se construit et se reconstruit pour chaque nouveau coaché.
Cette pratique n’est pas sans risques pour le coach qui expérimente l’altérité, « accouche l’Autre de ses idées » en lui permettant d’être pleinement sujet. Cet accompagnement – distinct de la formation, du conseil ou de la thérapie – est parfois difficile. Aussi, la SFCoach place la supervision comme critère indispensable du professionnalisme en l’intégrant dans son code de déontologie.
La supervision individuelle n’est ni formation, ni conseil, ni thérapie, ni analyse de cas, ni coaching.
S’il se doit d’être un coach senior, légitimé par l’expérience, le superviseur n’est pas un super-coach, et la supervision n’est pas l’occasion de refaire le coaching exposé par le coach. La supervision individuelle est un espace d’élaboration où le coach peut, dans un climat de confiance et de bienveillance, à l’exigence et à la vigilance du superviseur :
–se confronter à lui-même dans sa pratique du coaching,
-confronter sa pratique à la déontologie du métier,
-mesurer le chemin parcouru, entre ce qui s’est mis en place et sur lequel le coach peut s’appuyer, et ce sur quoi le coach va devoir porter ses efforts.
La supervision consiste donc pour un coach à s’associer à un collègue aîné, expérimenté, pour cheminer ensemble vers des trouvailles, la découverte de ce que le coach fait ou dit en séance et non pas ce que le superviseur positionné en expert, pense que le coach devrait faire ou dire.
Outil précieux et indispensable de tout coach accrédité et pratiquant un coaching professionnel, la supervision en coaching ne constitue pas une spécialité ou un métier à part entière. Elle est l’apanage des coachs reconnus par leurs pairs grâce à leur longue et bénéfique expérience. Les superviseurs sont, par ailleurs, des coachs qui se font aussi superviser par d’autres coachs. Devrait-on alors, pour suivre la logique des tenants du « métier de superviseur », créer une nouvelle profession de « superviseur de superviseur » ? Où s’arrête l’escalade ?
Ainsi, au-delà de ces réflexions sur des créations de nouveau métier, la SFCoach invite-t-elle les coachs à se concentrer sur leurs processus d’accréditation, le perfectionnement de leurs connaissances théoriques et sur le professionnalisme de leur pratique susceptibles de générer la reconnaissance de leurs pairs et celle de leurs clients, bien plus qu’un diplôme de superviseur.
Etant moi-même, après douze ans de pratique, superviseur de coachs, je souscris complètement à cette vision de notre métier. Comme superviseur, je me vois comme un « Mentor » qui confronte et se confronte à la pratique du « Beau metier » de coach, riche par lui même et déjà suffisant.
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