La violence au travail ordinaire dans les organisations
Une conférence organisée par l’APSE, le 23 mars 2017 à Aix
Si le bonheur au travail peut se rencontrer (en cherchant bien, on peut le croiser, déposé ici ou là, dans l’amour du métier, quelques relations de qualité, la symbolique que charrie l’activité…), c’est d’abord la violence ordinaire perpétrée par les uns et les autres sur les uns et les autres que l’on croise lors des interventions dans les organisations. À cela, il n’y a aucune espèce de fatalité. Cette violence existe le plus souvent non pas en appui sur des desseins de harceleurs plus ou moins dérangés (même si ceux-là peuvent aussi exister) mais sur la cécité, les petites lâchetés quotidiennes, les peurs du plus grand nombre. Pour tenter d’en finir avec elle (ou au moins pour la combattre), Gilles Herreros plaide pour l’émergence d’organisations réflexives. Il est professeur de sociologie à l’université Louis Lumière Lyon 2, membre du Centre Max Weber.
Une violence banalisée qui se tisse au quotidien
La violence ordinaire perpétrée au quotidien dans les organisations se distingue de la violence physique, de la violence perverse, ou de celle liée aux conditions de travail particulièrement pénibles de certains milieux ou activités professionnels. Gilles Herreros s’attache à décrire et analyser la violence banale exercée par un petit chef, un grand cadre, un collègue de travail, car il défend l’idée que la percevoir est indispensable pour s’y opposer.
À travers des récits mettant en scène des situations de travail analogues à celles que chacun peut avoir vécu, l’auteur montre comment la violence se tisse au jour le jour. Pour se perpétrer, comme pour se perpétuer, elle a besoin de l’indifférence voire de l’acceptation du plus grand nombre. Les petits renoncements, les cécités multipliées, les questionnements liquidés, chaque jour répétés par les uns, fabriquent des mécaniques qui détruisent les autres. Et si les systèmes managériaux génèrent de la violence, il est important de ne pas diluer les responsabilités de ceux qui la rendent possible.
Mettre en place une approche réflexive
Toutefois, il n’y a aucune fatalité à ce phénomène. L’auteur plaide pour la mise en place d’organisations « réflexives » valorisant une appréhension clinique des procès de travail et le déploiement d’une critique réhabilitant la subjectivité et l’intersubjectivité. Qu’il soit porté par le sociologue d’intervention ou par ceux qui ont en charge le pilotage des organisations, ce changement suppose l’adoption de postures inhabituelles en entreprise, et qui seraient pourtant salutaires : négativité, intranquillité, attention au sujet…
Cette conférence-débat APSE est organisée en partenariat entre les Masters RH de l’Institut Supérieur de Management des Organisations de la Faculté d’Economie Gestion et le LEST (Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail).
Quand : jeudi 23 mars 2017 de 17h30 à 20h
Lieu : FDSP campus Aix- Site 3 Schuman
Amphi Mistral
3 Avenue Robert Schuman
13100 Aix-en-Provence
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