Résumé de l’épisode précédent : Extrait de « Devenir coach » à paraître en janvier 2006
Suite à un sévère burn-out, je ne travaille plus et en profite pour déjeuner avec toutes mes copines. C’est au cours d’un de ces déjeuners que ma vie bascule.
Mars 2001 – Installée confortablement à une terrasse des Champs Elysées – je garde mes bonnes vieilles habitudes de DG – je déjeune avec Cécile et lui demande comment va son boulot. Depuis un ou deux ans, elle a de gros problèmes : elle a très rapidement grimper les échelons dans son entreprise et se retrouve nommée à la tête d’un service où d’anciennes collègues sont maintenant ses subordonnées. Ambiance. Alors que je m’attends à de nouvelles difficultés, elle me répond :
– Ecoute cela va très bien actuellement. J’ai réussi à aplanir les difficultés.
– Ah bon ! Et comment as-tu fais depuis la dernière fois qu’on s’est vu ?
– J’ai un coach
– Un coach ? Et c’est quoi, un coach ?
– C’est comme toi.
– Comme moi ?
Je ris de bon cœur. Ainsi, il existe un métier où je peux me faire payer pour être moi ! Je n’en reviens pas et lui demande de me mettre en contact avec son coach.
Quand j’ai Laurence M. au téléphone, je suis très flattée quelle accepte de me consacrer du temps pour répondre à mes questions. Nous nous sommes donnés rendez-vous dans un café place du Palais Royal. Je me sens légère, libre comme l’air. Je n’ai pas ressenti cela depuis au moins 4 ans. Fébrile, je m’installe à l’intérieur : nous sommes en avril. Il fait beau, mais encore un peu frais. J’ai un bloc de papier, un crayon et un CV à portée de main. Laurence, arrive s’installe. Son air un peu sévère me donne l’impression d’être jaugée. Un peu comme dans un entretien de recrutement. Après que je lui ai raconté mon parcours, le verdict tombe sans appel :
– Coach ???? Mais vous ne serez jamais coach ! Pour cela, il faut avoir fait au moins 15 ans d’expérience dans la formation ou venir des ressources humaines. Comment voulez-vous avec vos 17 années dans la publicité avoir une quelconque crédibilité ? Si vous voulez démarrer dans le conseil, commencez plutôt par exploiter votre expertise de la presse. A la rigueur, démarrez dans le recrutement, ils embauchent actuellement.
Le joli visage que j’ai devant moi se brouille. Je sens des larmes monter. Je respire un grand coup, sourit à mon interlocutrice et en la remerciant chaudement d’avoir pris le temps de me donner ses conseils si judicieux, je règle l’addition.
Quel dommage ! Me dis-je en sortant : je voulais demander conseil sur un métier que je ne connaissais absolument pas 15 jours avant et visiblement j’ai rêvé de châteaux en Espagne. Je rentre chez moi, pleure un bon coup et décide de retrouver du travail dans mon métier de commercial média. D’ailleurs on me fait une proposition pour un poste de Directeur Commercial chez Kelkoo. Pierre Chappaz[1] me parle : millions de pages vues, trafic exponentiel, nombre de connexions, Pop up, intersticiels… Le cœur n’y ait plus. Je viens de refuser un poste à 1MF et même pour la moitié sans responsabilité managériale, je ne me vois pas repartir dans le monde merveilleux de l’Internet. Non merci, ils sont tous fous. J’ai l’impression qu’ils courent après du toujours plus. En attendant, c’est décidé, je profite à fond de mon « golden parachute.»[2] Depuis le temps que j’en rêvais, je m’offre un relooking au Printemps où Josy Mermet[3] m’explique que je suis « Flamme ». Il me faut changer de lunette, adopter une coupe de cheveu plus courte et me teindre en roux. Elle me remet une palette de couleur où éclatent les roses, oranges, cuivres, jaunes et mordorés. A l’opposé de tout ce que j’ai toujours porté : gris, noir, bleu marine et beige. Je ne le sais pas encore mais la transformation en profondeur a commencé.
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